lundi 6 août 2012

The Smallest Gig, la petite scène qui fait bouger Sydney

The Smallest Gig ou le plus intime des concerts, est un projet qui s’est concrétisé en 2011. Né du triste constat que les groupes locaux émergents n’avaient pas suffisamment de visibilité scénique à Sydney, Holly Rakin-Smith et Eloise Boutry ont crée une véritable communauté composée d’une part, de fans de musique et d’autre part, de groupes ayant l’envie de partager leur art. Comme son nom l’indique, The Smallest Gig a pour vocation de rassembler un petit public dans des endroits intimes aux allures de “private party”. Un jardin, un salon, un garage ou un toit, décorés de bougies, de lampions, et agrémentés d’un catering fait-maison, deviennent le temps d’une soirée, le berceau d’un partage musical hors du commun.

(photo : Rohan Venn)
Holly et Eloise nous ont accordé une interview afin de nous éclairer sur l’importance du web et des réseaux sociaux sur la promotion de leur concept.

The Smallest Gig ou l’art de créer une nouvelle scène à 17 000 km de chez nous

Digitives- Comment assurez-vous la promotion de vos événements ? Utilisez-vous les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter ? 

Eloise- 
Facebook est jusqu’à maintenant notre principal outil de communication pour toucher le plus grand nombre. Les médias traditionnels tels que la presse et la radio nous ont aidé à mettre en lumière notre concept. Le bouche à oreille a également joué son rôle, les personnes qui assistent à un de nos événements en parlent ensuite à leurs amis, ce qui, je pense, est la plus simple et naturelle des promotions.

Holly- Facebook est super pour promouvoir des événements et rester en contact avec la communauté, mais le meilleur moyen de communication reste néanmoins le bouche à oreille. Les concerts se font dans des petites salles à l’ambiance intimiste, ce qui offre une expérience unique aux spectateurs qui s’empresseront de la partager avec leurs amis. Je dirais qu’environ 50% du public, à chaque concert, connaissent déjà le concept. Facebook est important pour le partage des vidéos et photos des soirées.

The smallest gig 'Winter' (photo : Peter Cagnacci)


Digitives- Pensez-vous que les réseaux sociaux ont un impact sur la fréquentation des concerts ?


Eloise- Je pense que les réseaux sociaux ont eu un impact positif comme négatif. Ces nouveaux moyens de communication permettent de rester davantage au courant de ce qui se passe, plus particulièrement quand il s’agit d’événements "indés”. Grâce aux réseaux sociaux on peut également suivre l’actu de ses groupes préférés, recommander des concerts à nos amis etc. Mais dans un même temps, ces outils nous rendent aussi plus casaniers et donc moins susceptibles d’assister à des événements ! On peut désormais “joindre” une multitude d’événements en un clic sur Facebook sans garantie d’y aller vraiment. Je pense que la fonction "événement" a ses limites, les utilisateurs se sentant toujours anonymes, un effort de communication envers eux doit être produit, plus qu’un simple envoi d’invitations.

Holly-  Oui, il y a effectivement des bons et mauvais côtés ! Je pense que les réseaux sociaux ont rendus les gens plus difficile à motiver quand il s’agit d’un concert de musique. Les invitations à des concerts ou festivals leur sont livrées sur un plateau d’argent, plus personne n’a besoin de mettre le nez dehors pour aller s’en procurer. Les réseaux sociaux permettent néanmoins d’offrir un plus grand éventail d’événements et de toucher un public plus large.

Digitives- Vous vous servez de Facebook comme outil pour trouver vos lieux de concert, avez-vous beaucoup de retours positifs ? Quels sont les endroits les plus insolites qu’on ait pu vous proposer ?

Eloise- On se sert effectivement de Facebook pour dénicher des lieux de concerts mais nous demandons aux gens de nous contacter par message privé s’ils ont des bonnes adresses à nous recommander. Nous avons à cœur de créer une relation de confiance avec notre communauté. Quand quelqu’un nous propose sa maison pour accueillir un événement, nous organisons une première rencontre; pour prendre un verre et mettre nos idées en commun. Je pense que cette étape est cruciale pour assurer le bon déroulement de tout événement. Donc oui, Facebook est clairement un très bon outil pour mener à bien ce genre de projet ! Les gens sont partants pour offrir leur aide pour que ce genre de soirée perdure. Je n’ai pas d’endroits bizarres qui me viennent en tête mais que des souvenirs de concerts aux lieux extraordinaires ! Nous avons pu organiser une soirée à Sydney dans une maison avec vue sur le Harbour Bridge, d’autres ont vu le jour dans de très anciennes bâtisses, une dans un magnifique entrepôt où des artistes y avaient élu domicile, on y accédait par une cage d’escalier sombre, couverte de graffiti et des anciennes passerelles en métal. C’était comme un labyrinthe sauvage à travers une jungle de béton pour se retrouver soudainement au cœur d’une pièce rustique éclairée à la bougie.

The Smallest Gig 'spring' (photo : Tessa Campbell)

Holly-
Facebook s’avère très utile, particulièrement quand on cherche un lieu pour notre prochain concert. La recherche de l’hôte représente la partie la plus importante de notre travail : trouver quelqu’un qui accepte d’ouvrir sa porte à des inconnus et partager ce lieu le temps d’un concert. Une fois, une personne nous a proposé une immense terrasse sans jamais nous envoyer une photo du lieu en question... ça aurait pu être cool !

Digitives- Comment dénichez-vous les groupes qui participeront aux Smallest Gigs ? Les artistes vous contactent-ils par le biais des réseaux sociaux, et inversement ?

Eloise- Trouver des groupes est vraiment la partie la plus fun, je pense même qu’il s’agit d’un art à part entière. Certains artistes nous contactent via Facebook ou nous envoient leurs démos par email, pour les autres, nous les trouvons en nous immergeant au cœur de la scène locale. The Smallest Gig est née de notre passion pour la musique live. J’ai passé d’innombrables soirées à écouter des groupes jouer, à découvrir les artistes montants de Sydney, à suivre les groupes de mes amis...  Il faut sans cesse se tenir au courant de la scène locale pour ensuite créer une programmation harmonieuse tout en mélangeant les genres musicaux pour donner une couleur particulière à chacun des concerts. Il s’agit vraiment de créer une alchimie. Une grande de notre travail consiste à  échanger par email avec les groupes qui nous intéressent mais également à écouter la musique qu’ils nous envoient et voir ce qu’on peut en faire.


Holly- La plupart des groupes de la scène indé de Sydney utilisent leur propre fanpage comme support pour diffuser leur musique. Beaucoup de programmateurs musicaux  jugent le talent de ces artistes par la qualité de leur démos postées sur Facebook ou Bandcamp. Notre approche est plus pragmatique, on se déplace beaucoup pour découvrir les groupes en live même si l’un des premiers contact avec un artiste en particulier se fera par le biais d’un lien ou d’une recommandation d’une de leurs pages.

Digitives- Vos concerts sont accompagnées de très belles vidéos, 27 au total, pouvez-vous présenter ce concept ? 

Holly- L’enregistrement vidéo de nos concert s’est fait naturellement. L’après-midi de notre premier événement, j’ai croisé un de mes amis qui est réalisateur (Jake Terrey) et je l’ai invité à la soirée, depuis lors, il a filmé tous les concerts et monté une véritable équipe ; Fin Lizzy s’occupe également du tournage et du montage. The Smallest Gig leur offre une liberté des plus totales. Ils peuvent tester de nouvelles techniques et démarches créatives sans les restrictions imposées dans le cadre d’un contrat commercial. Les vidéos jouent un rôle prédominant dans le concept de The Smallest Gig. Nous avons à cœur d’immortaliser l’ambiance de chaque soirée, mais aussi d’offrir un souvenir inoubliable aux artistes qui ont participé. Le but de ces films est de proposer une vitrine de notre travail, accessible aux amateurs de musique du monde entier. Les gens peuvent alors revivre ces instants et partager les performances et vidéos de nos artistes avec le plus grand nombre.

(photo : Peter Cagnacci)

Digitives- Dans votre présentation, vous faites allusion à "l’emprise de l’ère numérique sur la musique", ne pensez-vous pas qu’internet est un outil incontournable pour les groupes et artistes musicaux en quête d’un public plus large ?

Eloise- Ce qu’on veut dire par cette phrase, c’est que la manière de consommer la musique a radicalement changée avec l’avènement du numérique. Sans être une mauvaise chose, une rupture s’est néanmoins faite entre la représentation physique du processus créatif musical et l’auditeur. La magie opère lorsque l’on se trouve dans le même lieu qu’un artiste en pleine performance musicale car la musique, plus qu’un simple son, est une combinaison de sonorités, d’émotions du musiciens et du public évoluant dans un même environnement. Il s’agit d’une expérience scientifique inédite où tous les ingrédients fusionnent pour donner une atmosphère unique. C’est ce que l'on aspire  à créer, capturer et partager. Internet reste un outil exceptionnel qui a complètement métamorphosé l’industrie musicale. Sans l’aide d’internet, nos concerts n’auraient jamais pu voir le jour. Nous avons pu découvrir de nouveaux groupes, les contacter pour promouvoir nos évènements et les partager en ligne etc. De nos jours, les artistes peuvent devenir mondialement connus sans quitter leur chambre ! L’idée me plait mais un équilibre s’impose, la musique doit pouvoir exister à travers différents supports, autrement on risque d’en perdre la magie.


Un grand merci à Holly et Eloise pour leurs retours enrichissants et longue vie à leur projet !
La fan pageLes vidéos des concerts 

Justine P. & Mélanie G.

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