Vos mélodies sont très aériennes, en les écoutant on a plus l'impression de se trouver en Amérique, dans de grands espaces sauvages, baignés de la lumière du soir, qu'à Strasbourg.
Effectivement,Strasbourg ne s'impose pas forcément en écoutant cette musique. Elle est inspirée par des choses qu'on écoute, principalement des groupes anglo-saxons, autant d'Amérique que d'Angleterre. Ce sont des disques qu'on a écouté pendant des années et qui nous influencent plus, peut-être, que ce qu'on peut recevoir sur un lieu particulier.
Quels genres de disques ?
De la musique pop principalement, des années 60 jusqu'à maintenant. Les Beach Boys, les Smiths dans les années 80, Pavement dans les années 90, ou encore des artistes comme Ron Sexsmith.
Et ces ambiances anglo-saxonnes, les travaillez-vous ou viennent-elles naturellement ?
Je pense qu'elles viennent naturellement, simplement du fait d'être très fan de ce genre de musique, et de l'idée, ou plutôt de l'envie de perpétuer ça. Sans avoir la prétention d'amener quelque chose de neuf, l'idée est plutôt de perpétuer un genre qui me plaît énormément, et me parle intimement. C'est s'inscrire, non pas dans une tradition, mais dans des choses qu'on apprécie, simplement.
Common Use, le premier album d'Original Folks, est sorti en 2009, un successeur serait-il sur les rails pour 2011 ?
Oui, un deuxième album est en cours. On a commencé à l'enregistrer il y a un certain temps. On le prépare, doucement mais sûrement, et il sortira, on l'espère, avant la fin de l'année 2011.
D'autres projets pour 2011 ?
Une tournée qui s'annonce juste avant le printemps. On va jouer avec Roméo & Sarah et A Second of June du label Herzfeld à Paris, Brest, Rennes et Mulhouse pendant une semaine.
Mais l'actualité principale, même si elle s'inscrit sur la durée, c'est la préparation de cet album. Pour moi, l'important est l'objet-disque. Je suis moins friand de concerts, je suis attaché à l'objet et à ce qu'on en fait intimement. Même si, avec le temps, en se connaissant beaucoup mieux - car il s'est passé des années entre le premier album et celui qu'on est en train de préparer, et nous avons beaucoup répété ensemble - , je pense qu'il y a quelque chose qui s'est passé, à la fois humainement et musicalement. On se sent plus à l'aise. Nous avons aussi une direction peut-être un peu plus pop, plus emportée. Je pense qu'on aspire plus à ça actuellement. Le tempo est plus soutenu, avec plus de légèreté dans les mélodies et dans l'interprétation.
Quel est l'apport de la dynamique de groupe dans Original Folks, par rapport aux projets plus personnels qui vous aviez mené jusque là ?
Pour moi c'était assez neuf, même si j'avais déjà fait des groupes auparavant, je n'amenais pas de chansons. Original Folks est un groupe que j'ai initié avec des amis. Je me retrouvais pour la première fois en situation de groupe, véritablement, avec mes chansons. D'habitude je tiens beaucoup à faire les choses de manière très carrée, à ce que ce soit très en place, mais dans le groupe on apprend à se lâcher. Tout le monde amène quelque chose, ce qui donne une identité collective intéressante et très enrichissante. En faisant les choses tout seul on se met des barrières, là il y a beaucoup de choses qui s'ouvrent.
L'influence des projets individuels des autres membres du groupe (Roméo & Sarah, Unfair to facts...) se fait-elle ressentir ?
Oui, pratiquement tout le monde a un autre groupe avec ses propres compositions, et effectivement on en ressent les effets. Au fur et à mesure que certains s'affirment, ils influencent d'avantage nos compositions. Ce que chacun ressent et a envie de faire, il essaie de l'amener dans le groupe. Pas en forçant les choses, ça se fait assez naturellement, mais les sons peuvent être amenés à changer en fonction des recherches de chacun.
Comment cela se traduit-il ?
Il y a plusieurs phases. J'amène une chanson qui est plus ou moins définie et dont la structure est plus ou moins claire et arrêtée, et ensuite tout ça évolue au gré des répétitions et de l'apport de chacun, puisque chacun va interpréter la chansons à sa manière, va l'entendre à sa façon. Tout ça finit par se faire collectivement et pas de manière individuelle. Mais cela ne se traduit qu'en musique. Les paroles, c'est la dernière étape, la plupart du temps je ne les fais qu'avant d'enregistrer les chansons. Avant on fait beaucoup de concerts, sans paroles.
C'est cette dimension d'échange qui vous a attiré dans le projet Strasbourg-Chicago ?
J'ai vu la première édition du festival, avec la dernière soirée où tout le monde jouait ensemble. C'est quelque chose d'assez appréciable, quelque chose qu'on connaît par ailleurs avec le Herzfeld Orchestra où tout le monde se rejoint de manière ponctuelle. Et ce principe à l'occasion du festival peut être vraiment sympa. Je pense que ça peut donner une dynamique, quelque chose d'assez particulier qui est lié à une période donnée, à des humeurs particulières, ce qu'on vit à ce moment là, et la rencontre de gens. C'est forcément intéressant.
Une interview du collectif Digitives, avec Audrey Canalès
Retrouvez le podcast de cette interview sur le site du festival Strasbourg-Chicago, et en écoute sur la playlist Digitives. Pour plus d'information sur le groupe Original Folks, consultez leur page facebook et le site du label Herzfeld.
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