Quand êtes-vous tombé dans la musique ?
J'ai débuté la musique vers 9 ou 10 ans, à l'équivalent du CM1 aux États-Unis. J'ai commencé le tuba, avec des répétitions plusieurs fois par semaine, et je m'y sentais vraiment bien, vraiment à ma place, contrairement aux matières académiques ou au sport. La même année, mon frère [Jon Drake] a reçu une guitare acoustique pour noël, et tous les deux, on s'est bien pris au jeu. Je reprenais des mélodies que je jouais à l'oreille, toutes sortes de choses, dont l'hymne national, puis j'ai pris des cours de guitares. Aujourd'hui ça fait maintenant 17 ou 18 ans que je suis tombé dans la musique.
Racontez-nous l'histoire de votre groupe.
Je faisais partie du groupe Elephant Gun mais j'avais envie de fonder mon propre groupe avec mes propres chansons. Je jouais souvent mes démos à Gabe, mon ancien bassiste, qui n'arrêtait pas de me demander quand nous allions nous décider à fonder ce groupe. Un jour je lui ai dit "ok, allons-y". C'était il y a un ou deux ans. Daniel et mon frère Jon nous on rejoint par la suite, puis Daniel m'a présenté Rebecca, notre accordéoniste. Au début je n'étais pas vraiment convaincu par l'idée d'avoir un accordéon dans le groupe. Mais quelques jours plus tard, j'ai commencé à entendre de l'accordéon dans ma tête, en accompagnement de nos chansons, et j'ai eu envie d'essayer. Ted est ensuite venu en remplacement de Gabe, parti poursuivre sa carrière en Californie.
L'année dernière on vous a vu jouer d'autres instruments...
Je joue de la guitare, je joue toujours du tuba dans un orchestre d'harmonie, je chante, et je joue aussi un peu d'autres instruments. Je joue pas mal de la basse, et pour le reste je me débrouille pas trop mal à la batterie, à la trompette, au piano. Ça donne un grand champ d'action, mais je reviens toujours à la guitare, au tuba et au chant.
Et votre voix, comment l'avez-vous trouvée ?
Au collège et au lycée je chantais dans des chorales. C'est là que j'ai commencé à travailler ma voix et à faire attention aux arrangements. Pendant cette période, j'ai eu quelques professeurs de chant, mais ça n'a pas duré longtemps. Je n'en prends plus maintenant. Mais mon dernier professeur de chant était très bon, et je repense souvent à ses conseils. Aujourd'hui je travaille avec internet, notamment sur Youtube pour mes recherches.
Votre musique semble se nourrir de nombreux styles...
En ce qui concerne mes influences et mes goûts musicaux, j'ai été plongé très tôt dans le rock classique. Mon père passait plein de disques, comme Bruce Springsteen et Dire Straits, quand j'avais 6 ou 7 ans. En famille on écoutait aussi les Talking Heads et les Beatles. Quand j'ai commencé la guitare, j'ai eu ma période grunge, avec Nirvana, Pearl Jam, les Stone Temple Pilots, les Smashing Pumpkins, c'était mes années collège. Au lycée j'écoutais un peu d'électronica, et toujours plus de classiques du rock. J'adorais les Doors, les Rolling Stones, je me plongeais dans le répertoire des Beatles. J'écoutais aussi Radiohead, Blur, Grandaddy, des artistes plus récents aussi, et même un tout petit peu de hip-hop, avec des groupes comme Outkast. En ce moment je suis boulimique de musique, alors même si j'aime toujours les groupes de rock comme Spoon ou Arcade Fire, j'apprécie tout autant des groupes nigérians : Green Arrows, Hallelujah Chicken Run Band. C'est une source d'inspiration.
Comment vous vient l'inspiration justement ?
Quand j'écris une chanson, l'inspiration peut venir de plusieurs façons : parfois je suis juste assis, guitare en main, et je m'amuse jusqu'à trouver une mélodie, si elle me plaît je la chante. C'est la manière la plus active de créer. Mais le plus souvent, je suis au travail, à la fac ou au volant, sur le point de m'endormir, ou de me réveiller, et là je me joue mentalement une mélodie, et je visualise les accords de guitare. C'est très fréquent. Si je suis dans un endroit sans musique, j'en joue mentalement, et parfois, je me dis, "oh, cet air est bien, la batterie devrait être comme ci, la basse devrait venir comme ça...". Pour ne pas tout oublier, j'ai besoin de fixer ces idées sur une guitare, et c'est vraiment là que tout commence.
Récemment, j'ai pris plaisir à visiter des galeries d'art, j'y ai vu des oeuvres inspirantes, et j'ai essayé de traduire cette émotion en sons. Cela va peut-être vous paraître très prétentieux, mais j'ai adoré l'exercice, les arts graphiques m'inspirent. Et parfois, quand je compose, si les paroles ne viennent pas, je visualise une scène de film et l'écriture suit.
Vous commencez donc par composer la musique ?
En général je commence par la musique, et parfois des paroles viennent en premier. Des bouts de phrases sans connexion particulière. Mais ce n'est pas ce que je préfère, commencer par l'écriture poétique, et rajouter la musique par la suite. J'ai besoin d'imaginer la mélodie pour me mettre à écrire.
Qu'est-ce qui donne matière à vos textes ?
Je m'inspire de mes propres expériences, parfois d'une lecture, parfois d'une scène observée dans la rue, et j'essaie de traduire tout ça en symboles, pour ne pas être trop transparent. J'aime créer des symboles poétiques, dont le sens est limpide pour moi, et dont j'ai espoir qu'ils touchent les autres, d'une certaine manière, sans forcément connaître le contexte. Ce qui compte c'est qu'ils ressentent un instantané, car c'est ce que j'aime, évoquer des images avec mes mots. Des images en plan parfois serré, et parfois en plan beaucoup plus large. Mes paroles sont plus ou moins cryptées, ça dépend de mon état d'âme du moment.
Un mot sur l'atmosphère du festival Strasbourg-Chicago l'an dernier ?
L'atmosphère de Strasbourg-Chicago était, en tant que musicien, incroyable. Je me suis senti à l'aise tout le temps, même mieux qu'à Chicago. Je ne saurais expliquer pourquoi je m'y suis senti si bien. C'était un moment trépidant, et le public avait vraiment soif de nouveauté et envie d'entendre de la bonne musique. Cette envie m'a vraiment porté, c'était un moment très excitant.
Votre participation à Strasbourg-Chicago a-t-elle influencé vos nouvelles créations ?
Oui, dès mon retour aux Etats-Unis, j'ai écrit deux ou trois nouvelles chansons juste dans la quinzaine qui a suivi. Et leur style était différent des précédentes. Je dois reconnaître que la plupart des titres que nous jouons aujourd'hui a été composée après le festival. Peut-être est-ce lié au fait de nous produire avec les autres groupes... C'était vraiment génial pour moi de les voir sur scène, c'était la première fois que je jouais avec des groupes étrangers. Les voir à l'oeuvre, ainsi que leur style. En rentrant je me suis senti plus capable de laisser libre court à toutes mes envies. C'est pour ça que c'est bien de voyager. Cette expérience m'a vraiment marqué, et a influencé mes créations.
Et Strasbourg ?
Depuis mon arrivée j'ai composé trois nouvelles chansons, et c'est enthousiasmant. On dirait que chaque fois que je viens ici j'ai envie de composer tout le temps. Le fait d'être en vacances joue certainement aussi, ça me permet de prendre mon temps. Mais c'est vrai que je me sens très inspiré ici.
En quoi l'édition 2011 du festival sera différente pour Jaime Rojo ?
L'année dernière, nous étions - et nous sommes toujours - , un jeune groupe. On avait plein de titres qu'on aimait bien, mais on les jouait comme une suite de morceaux. Ce qui va être différent et spécial cette année, c'est que nos chansons sont plus personnelles, on a trouvé notre son. Nous aurons aussi un EP, que nous venons d'enregistrer. Cet enregistrement a vraiment été intense, l'ingénieur du son a fait un excellent travail, et je suis très satisfait de ce que nous avons obtenu. C'est exactement ce que nous voulions. On pourra donc proposer tout ça aux amateurs. L'année dernière nous n'avions pas grand chose. Cette année c'est du sérieux !
Une interview du collectif Digitives avec Audrey Canalès
Retrouvez le podcast vidéo de cette interview sur le site du festival Strasbourg-Chicago. Pour plus d'information sur le groupe Jaime Rojo, consultez leur site internet, leur page facebook ou encore leur profil myspace !
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