vendredi 17 février 2012

Candy Chang, ambassadrice du street art participatif

Véritable ovni du street art, Candy Chang utilise l'art comme vecteur de lien social entre les habitants d'une ville. Participatives et empreintes de poésie, ses oeuvres n'existent qu'à travers la création conjointe de l'artiste et du passant. Portrait d'une urbaniste altruiste dont les rêves sont devenus réalité.


D'origine taïwanaise, Candy Chang se définit avant tout comme une artiste nomade dont les rêves et projets n'ont pas de frontières. Elle grandit dans l'Ohio et débute sa vie d'adulte à New York où elle fait de brillantes études. Diplômée de la très célèbre Columbia University en architecture, graphisme et urbanisme, la jeune femme a alors l'assurance d'une carrière pavée de succès. Cependant après un passage au New York Times en tant que graphiste, Candy Chang quitte les Etats-Unis pour l'Europe et voit sa vie complètement bouleversée. Alors qu'elle travaille dans la recherche en design pour la multinationale Nokia, l'artiste doit faire face à une série de drames dans son entourage proche. Loin des siens, elle prend alors conscience du caractère éphémère de la vie et de l'irréversibilité du temps qui passe. Désireuse de vouloir partager sa passion pour l'urbanisme avec le plus grand nombre, l'artiste démissionne et choisit la Nouvelle Orléans comme lieu d'expérimentation. Candy Chang a alors pour projet de transformer l'espace urbain à l'image de ses citadins en s'inscrivant dans une démarche participative.

"I wish I was"

A son arrivée à la Nouvelle Orléans, l'artiste remarque un nombre considérable de magasins vacants dans son quartier lui rappelant ses années passées à New York où elle se plaisait à imaginer quelle nouvelle enseigne apparaîtrait. Or trop souvent, Candy Chang était frustrée de découvrir un énième salon de coiffure alors qu'elle souhaitait par dessus-tout une librairie... Elle décide alors de détourner le célèbre sticker "Hello my name is" en invitant les habitants de la Nouvelle Orléans à y inscrire leur lieu rêvé.

un des lieux témoin du projet "I wish I was" (novembre 2010)
Très rapidement, les devantures de ces lieux désertés se remplissent d'autocollants aux souhaits réalistes comme utopiques. Certains passants engagent même une discussion par stickers interposés, l'un se proposant par exemple de financer le souhait d'une éventuelle boulangerie dans le quartier. Candy Chang prend alors conscience de l'impact de son installation face à l'enthousiasme provoqué.


"Before I die"

Toujours dans l'optique de créer du lien social au sein de l'environnement urbain, Candy Chang métamorphose une bâtisse abandonnée en véritable lieu de rendez-vous. Les murs recouvert d'ardoise, la maison devient un tableau noir sur lequel les passants sont invités à confier leur ultime souhait avant de quitter ce monde. Munis d'une craie, chacun complète alors la formule "Before I die" donnant à l'installation une résonance particulière. 

Projet "Before I die" (2011)
Une fois rempli, l'artiste immortalise le tableau et l'efface faisant de ce projet une toile infinie où chacun peut y apporter sa contribution. Face à l'ampleur du succès de cette installation, de nombreuses villes à travers le monde telles que San Diego, Amsterdam, Lisbonne ou encore Londres ont elles aussi souhaité tenter l'expérience.


Neighbourland

Après le passage de Candy Chang, nul endroit ne demeure déshumanisé. Même déserté, l'artiste prouve qu'il est toujours possible de créer du lien social. Cette dernière s’intéresse également au voisinage, un  terme souvent barbare dans les grandes villes. Avec "Neighbour doorknob hanger", Candy Chang décomplexe la rencontre entre voisins en permettant d'instaurer un dialogue de manière ludique.


 "Neighbourland" est quant à lui, un outil en ligne spécialement crée pour recueillir les idées d'habitants au sujet du développement de leur quartier. Artistique et citoyen, ce projet permet de donner une autre approche de la politique d'une ville dont les citadins seraient les acteurs principaux.


A travers ses installations empreintes de poésie, Candy Chang prouve que les murs ont une âme qu'ils soient habités ou désertés et que les passants ne cesseront jamais de les faire parler.  

Mélanie G.

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